Analyses financières des impacts négatifs des systèmes agroalimentaires
Le rapport annuel 2024 de la FAO, « L'état de l'alimentation et de l'agriculture dans le monde » souligne l'importance de comptabiliser les coûts des externalités négatives des systèmes agroalimentaires et appelle tous les acteurs à s’impliquer pour une transformation vers des systèmes alimentaires plus équitables et durables.
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Le 8 novembre 2024, la FAO a publié son rapport annuel intitulé « L'état de l'alimentation et de l'agriculture dans le monde – Transformation des systèmes agroalimentaires axée sur la valeur ». Ce rapport souligne l'importance de rendre compte de l’impact financier des externalités négatives des systèmes agroalimentaires, notamment sur la santé, l’environnement et la société. Le rapport approfondit les conclusions de l'édition 2023, mettant déjà en évidence que les externalités négatives des systèmes agroalimentaires coûteraient environ 12 000 milliards de dollars par an, soit environ 10 % du PIB mondial. Il est également observé que 70 % de ces coûts sont liés aux problèmes de santé causés par des régimes alimentaires déséquilibrés, marqués par une consommation excessive de sodium, une faible consommation de grains entiers et un manque de fruits. Ces déséquilibres contribuent à l'augmentation des problèmes de santé telles que les maladies cardiovasculaires, le diabète de type 2 et certains cancers.
Le rapport met en avant une classification des systèmes agroalimentaires en six catégories : (1) en crise prolongée, (2) traditionnels, (3) en expansion, (4) en diversification, (5) en formalisation et (6) industrialisés. Cette classification permet d’identifier les défis de chaque système et d’adapter les interventions en conséquence. Les coûts varient ainsi largement selon les contextes : par exemple dans les systèmes agroalimentaires (5) et (6), les coûts liés à la santé associés aux maladies non transmissibles dominent, tandis que dans les systèmes (1) et (2), les coûts sociaux, tels que la pauvreté et la sous-alimentation, prédominent et peuvent représenter jusqu'à 47 % du produit intérieur brut.
Afin de favoriser une transformation durable, le rapport propose plusieurs leviers pour réduire les coûts financiers et promouvoir des systèmes plus durables. Parmi eux, la FAO recommande de réorienter les subventions agricoles vers des pratiques agricoles durables, d'encourager des régimes alimentaires plus sains par des politiques de santé publique et de renforcer la coopération entre les secteurs de l'agriculture, de la santé et de l'environnement. Mettre en évidence ces coûts réels doit nous permettre d’avoir une vision plus complète des impacts de nos systèmes agroalimentaires, et nous aider à concevoir des politiques publiques mieux ciblées pour promouvoir des modèles durables et encourager des habitudes alimentaires plus saines.
En outre, le rapport appelle à une implication de tous les acteurs, des gouvernements aux consommateurs, en passant par les entreprises et les institutions financières, pour soutenir la transformation des systèmes alimentaires. Les consommateurs, jouent un rôle clé par leurs choix alimentaires. Des incitations économiques, accompagnées de campagnes d’information et de sensibilisation, pourraient les encourager à adopter des régimes plus durables. Le secteur privé, quant à lui, est encouragé à intégrer la responsabilité sociale et environnementale dans ses opérations.
En conclusion, ce rapport de la FAO présente une feuille de route pour une transformation systémique, fondée sur l'évaluation des coûts cachés et des consultations avec les différentes parties prenantes pour définir des priorités d'action.


